Prologue de Madonna
Dites-moi, dames qui allez à la fête, n’avez-vous pas vu passer une dame dont on ne peut savoir ni qui elle est, ni comment elle a nom, ni d’où elle vient ?...
– Nous avons vu auprès d’une fontaine une dame majestueuse et voilée... Elle trempait ses mains dans l’eau de la fontaine ; elles étaient blanches, effilées et resplendissantes comme ses bras et ses épaules amoureuses. Elle a relevé un peu sa robe, et nous avons vu un beau pied chaussé de soie et entouré de pierres précieuses. L’émotion nous a arraché un cri. À ce bruit, la dame s’est aperçue de notre présence ; elle a tourné ses regards vers nous, et nous sommes tombées à terre. Tel était l’éclat qu’elle répandait autour d’elle, que nous sommes demeurées émerveillées. Elle est partie, mais sa robe qui traînait sur les fleurs répandait une odeur si suave, que chacune de nous disait : « C’est ici le Paradis, car une dame pareille ne serait pas venue habiter la terre. »
Francesco da BARBERINO.
Traduit par E. Thomas.