Rayon de soleil
En mars, entre deux giboulées,
Parut un rayon de soleil,
Qui, sur les pelouses gelées,
Projeta son éclat vermeil.
Il sécha l’aile des fauvettes,
Leur souffla maints accents joyeux,
Des odorantes violettes
Ouvrit les pétales frileux.
Dans le berceau d’un petit ange
Glisse le rayon de soleil ;
Par un gazouillis de mésange,
L’enfant lui répond au réveil.
Puis le chaud visiteur pénètre
Auprès de vieillards engourdis,
Dont la vigueur semble renaître
Sous ce baiser du Paradis...
Voici venir un gros nuage :
Du rayon, hélas ! c’en est fait...
Il peut mourir... en son passage
Il laissa partout le bienfait.
Comme lui, semant l’allégresse,
L’enfant candide, au lis pareil,
Du toit paternel est sans cesse
Le petit rayon de soleil.
Hortense BARRAU.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.