Aux astronomes
Vous connaissez le ciel, je vous en fais l’aveu,
Ô savants patentés, astronomes honnêtes !
Découvrir tous les jours de nouvelles planètes,
C’est pour vous un travail facile, un simple jeu.
Mais à quoi bon scruter constamment le ciel bleu,
Si, pour vos yeux perçants et vos longues lunettes,
Les clartés de là-haut ne sont point assez nettes,
Si la voûte d’azur vous cache toujours Dieu ?
Nous autres, ignorants, qu’on dédaigne ou qu’on blâme,
Nous regardons le ciel avec les yeux de l’âme
Comme avec ceux du corps, sans pose, sans fierté ;
Et, malgré son mystère où luisent les étoiles,
Le vaste firmament nous apparaît sans voiles,
Ruisselant de lumière et de divinité !
Gaston BASTIT.
Paru dans L’Année des poètes en 1890.