Baisers maternels
Lorsque parfois, à six ans,
Je pleurais à fendre l’âme,
Il me souvient qu’une femme,
Avec des mots apaisants,
Savait calmer ma colère.
Sa lèvre effleurait mon front
Couronné de cheveux blonds.
Oh ! les baisers de ma mère...
Lorsque éveillé, dans la nuit,
Je croyais voir des apaches
Ourdir leurs sanglantes tâches,
Je criais au moindre bruit.
Une ombre blanche et légère
Alors, se penchant vers moi,
Chassait au loin mes émois.
Oh ! les baisers de ma mère...
Souffreteux et torturé
Par la fièvre ou l’insomnie,
Que de fois maman bénie,
M’élevant du lit cuivré,
Plaçait ma douleur amère,
Palpitante sur son sein
Pour rendre mes membres sains.
Oh ! les baisers de ma mère...
Envoi
Oh ! malheureux orphelins,
Sans caresses maternelles,
Sans baisers sur vos prunelles
Battantes, que je vous plains !...
Hermas BASTIEN, Eaux grises.