Soir, mort
Le jour meurt, le soir vient, les parfums agonisent,
Le grand hymne d’espoir du tout dernier moment
Chante. De cierges blancs les espaces s’irisent
Et voilà la chapelle ardente, immensément.
Les champs sont morts, la vie est lasse, et la souffrance
Après un long sanglot, en espérant, s’endort ;
Le rêve règne ainsi qu’un roi de délivrance :
C’est l’illusion douce et l’extase, la mort.
Le voile mortuaire est drapé sur le monde,
L’âme en fleur se dégage en songes irréels,
Et la lune, qui veille en cette paix profonde,
A les douces clartés des jardins éternels.
C’est la chapelle ardente et ses lueurs de cierges,
Les hymnes reposants qu’on dit pour les défunts,
Le requiem du prêtre et le chant pur des vierges,
Et l’âme qui s’en va sur l’aile des parfums.
Jules BASTIN.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.