Un ermite

 

 

D’un faible lumignon la douteuse clarté

Dessine autour des blocs sa lugubre auréole.

Immobile, à genoux, sans un bruit de parole,

L’ermite se prépare à la félicité.

 

Une vision passe en son front agité,

Son âme jusqu’au ciel en extase s’envole,

Une goutte tombant d’une fissure molle

Compte le temps qui va grossir l’éternité.

 

La grotte est la maison du saint anachorète ;

Son chevet est la pierre où repose sa tête

Quand son pauvre cerveau s’épuise, et qu’il s’endort.

 

Il baise en s’éveillant un vieux christ qui se rouille,

Se signe par trois fois, se courbe et s’agenouille

À côté des yeux creux d’une tête de mort.

 

 

 

Frédéric BATAILLE, Le pinson de la mansarde, 1875

 

 

 

 

 

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