La mort de Jésus
Déjà l’heure maudite au cadran du démon
Sonne un glas triomphal et sa promesse infâme ;
L’enfer, voyant jouer sa monstrueuse trame,
Pousse un rire hideux dans l’abîme sans nom.
Jésus, ô doux martyr, mené comme un mouton
À la torture atroce, ô Jésus ! ta pauvre âme
Sentit en ce moment une brûlante lame
Avancer son fil nu sur l’œuvre de pardon,
Et jeta vers le ciel un long cri d’agonie :
« Mon Père, m’as-tu donc abandonné ? » Soudain
Sur ta face divine une force infinie
Brilla comme un flambeau : « Pardonne-leur, mon Père ! »
Et l’enfer s’assombrit ! Ton œil visionnaire
Éclaira l’avenir d’un éternel matin !
Frédéric BATAILLE, Le pinson de la mansarde, 1875