Résurrection
La terre, en ce jour-là, dans ses larges entrailles
Avait, nouveau Saturne, englouti ses enfants.
La Mort, spectre hideux aux regards triomphants,
En desserrant, avec un long bruit de ferrailles,
Ses sèches dents, disait : « À moi, grandes semailles !
À moi, foudres du ciel ! j’ai déchaîné mes vents
Et j’ai vu s’engouffrer tous les siècles mouvants
Dans mes abîmes ! » – « Quoi ! sombre Mort, tu tressailles ?
– « C’est que j’entends sortir des vagues profondeurs
De doux vagissements et des bruissements d’ailes ;
C’est que j’entends passer les sèves éternelles
« Dans les débris d’un monde, et qu’un flot de splendeurs
Éclaire jusqu’au fond les noires catacombes,
Où chantent les esprits en soulevant les tombes ! »
Frédéric BATAILLE, Le pinson de la mansarde, 1875