Au temple
Les murs sont froids et nus et le style est sévère ;
Nul de ces ornements que l’art prodigue ailleurs,
Point de lustre doré, de cierges ni de fleurs :
C’est un triste caveau plutôt qu’un sanctuaire.
À travers le vitrail de quelque ogive austère,
Pénètrent dans la nef d’indécises pâleurs.
Un homme à cheveux blancs, aux doux regards songeurs,
S’avance lentement vers la table de pierre.
Il pose avec respect ses deux tremblantes mains
Sur la vieille Bible, et, d’une voix tout émue,
Il implore à genoux le Père des humains ;
Puis, rayonnant, entonne un cantique pieux.
Et ce temple qui semble une crypte inconnue
S’élargir pour sa foi jusqu’aux parvis des cieux.
Frédéric BATAILLE, Le pinson de la mansarde, 1875