Dédicace à Vicksburg
Ombres de nos défunts héros,
Reposant dans la gloire,
Ici même où votre sang coula,
Nous gravons votre histoire !
Le marbre tombera en poussière,
Mais la grandeur est éternelle.
Vos vraies épées peuvent bien céder à la rouille,
Mais jamais nous ne vous oublierons !
Cette sentinelle sculptée
Veille sur votre sommeil.
Elle raconte comment vous avez combattu et êtes tombés
En gardant loyalement
Confiance en la vie. C’est solides et vaillants
Que vous avez affronté l’heure de la mort.
C’est à nous de soigner la fleur
Que votre bravoure a semée.
Ici, au pied des gigantesques collines,
Reposez, vous autres guerriers !
Bercés par le murmure des ruisseaux,
Personne ne viendra vous déranger !
Sous la caresse de notre vent du sud
Dormez, soldats exténués !
Votre fin ne fut pas anonyme,
Sombre et lugubre.
Reposez en paix ! La guerre est finie ;
Aucun roulement de tambour
Ne retentit, et le clairon s’est tu.
La bataille s’est achevée.
Dans l’écrin de votre terre natale,
Que votre sommeil soit doux !
Quand égalerons-nous votre valeur ?
Et le nombre de vos exploits ?
Que se parsème de fleurs ce gazon sacré
Qui sert au soldat de parfait oreiller.
C’est de là que vos âmes se sont élancées vers Dieu
Avec le saule du chagrin !
De nombreux jeunes gens amèneront ici
De nombreuses jeunes filles,
Hommage du printemps embaumé, chargé de fleurs.
Dormez ; mais pas pour toujours !
Si le rouge calice de la guerre
Venait à répandre ses brumes sanglantes
Sur nos vallées,
Alors revenez ! À la crête du combat,
Brandissez vos farouches framées,
Et prenez la tête de notre colonne,
La plus brave et la meilleure !
J. E. BATTAILE.
Recueilli dans La poésie sudiste au temps de la guerre de Sécession,
florilège traduit de l’anglais et présenté par
Christophe DOLBEAU, Éditions Akribeia, 2021.