Le foyer immobile
Heureux les deux époux chez qui rien n’a changé,
Chez qui, malgré les ans, l’amour n’a point pris d’âge,
Et qui font à la mode ancienne bon ménage
En un foyer chrétien qui n’a point voyagé !
Dans la vieille maison nul meuble n’a bougé ;
Partout, sous les grands Christs, les grands lits d’héritage ;
Au milieu des enfants fume, au soir, le potage :
À cette table-là, les aïeux ont mangé.
Heureux les deux époux fidèles même aux choses
Et qui gardent – avec les papiers à fleurs roses,
Avec tous ces objets, chers aux yeux, chers aux doigts,
Bergère, guéridon, flambeaux, massive armoire,
Témoins et serviteurs de leur tranquille histoire –
La chambre de jadis et le cœur d’autrefois !
Charles BAUSSAN, L’horloge des champs, l’horloge des ans.
Recueilli dans Les poèmes du foyer.