Par la brousse et le roc
Par la brousse et le roc, sans repos, sans sommeil
le pâtre va, pèlerin du soleil,
Va jamais las, va pèlerin hâlé de la poussière,
va Chaldéen naïf essaimé par la terre
du fond des temps, et possesseur tranquille du mystère,
Va sans but, que le monde autour de lui mouvant,
qu’il hume, informe et gris, lavé, déteint, sans âge,
et ses yeux sans couleur commandent aux nuages,
et le ciel est sa tente et sa route est le vent.
Sans désir, l’œil ouvert aux célestes cadastres,
il sait le roulement immuable des astres,
la promesse et l’attente lente au ciel pascal,
Humble sachant que ce qui change n’est que fable,
enraciné de tout son corps têtu dans l’ineffable,
le bâton courbe dans sa main sans cal,
il veille l’éternel troupeau zodiacal.
Marcel BEAUFILS.
Recueilli dans Les poètes de la vie :
œuvres inédites d'auteurs contemporains,
choix de Louis Vaunois et Jacques Bour, 1945.