Épilogue des « Hymnes de bonté »
Le soir ordonne-t-il aux étoiles d’opale
De n’abaisser leurs yeux
Ni sur le ravin noir, ni sur les antres creux,
Ni sur la grotte où dort, frissonnant, l’homme pâle,
La face vers les cieux ?
Non, car tout est bonté dans le contrat suprême
Qui règle les destins ;
Car le ciel et les monts sont beaux comme toi-même,
Et les flots, les torrents, les couchants, les rocs blêmes,
Sont purs, étant divins !
Ô Poète ! va donc répandre la Science,
Jeter le mot d’espoir,
Le germe qui rend bon, même dans la souffrance...
Étends à tous les vents l’idéale semence
Sur les abîmes noirs !
Va ! donne sans compter ce que contient ton âme
Et le fond de ton cœur.
Sois franc comme les yeux candides d’une femme,
Et sacre les humains à la lyrique flamme
De ton geste encenseur.
Le prophète inspiré s’arrêta. Son front pâle
Étonna les ravins. Grands de sa majesté,
Les peuples gravissaient les marches triomphales
Du temple saint de la Bonté !
Joséphine BÉGASSAT.
Paru dans L’Année poétique en 1906.