La mer
Oh ! que c’est beau, la mer, quand la lame s’écrase
En écumant sur le rocher,
Le faisant tressaillir de son faîte à sa base
Sous le flot qui vient le lécher !
Oh ! que c’est beau, la vague, avec sa blanche crête,
Qui s’avance en hurlant comme un dragon de feu,
Dévorant tout ; et qui, frissonnante, s’arrête
Devant l’humble caillou qui fut marqué par Dieu !
Que l’on est bien, le soir, assis sur la falaise,
Au bord de l’océan qui se perd dans le ciel !
Le cœur bat librement, et l’on respire à l’aise
La forte et saine odeur du goémon et du sel.
Qu’il est beau, l’océan ! Je l’admire, je l’aime.
Quand, calme et souriant, il s’éveille ou s’endort,
Alors que le soleil, majestueux et blême,
Trace sur les flots bleus un large sillon d’or.
Qu’il est beau, l’océan ! Qu’il mugisse ou soupire,
Qu’il s’élève ou s’abaisse, immuable et mouvant !
La mer est l’infini qui vit et qui respire :
– La mer, c’est l’infini vivant. –
Xavier de BELLEVUE.
Paru dans L’Année poétique en 1906.