Aimer d’amour, aimer
Pleurer d’amour, pleurer, c’est parfois chose exquise,
C’est parfois chose exquise, enfant : dans un lis blanc
C’est l’espoir qui dépose, encor vierge et tremblant,
Les perles dont le cœur extasié se grise ;
Pleurer d’amour, pleurer, c’est parfois chose exquise.
Aimer d’amour, aimer, toute la vie est là,
Toute la vie est là : c’est un échange d’ailes
Pour deux cœurs confondant leurs battements fidèles,
Vers l’infini bonheur que Dieu même étoila ;
Aimer d’amour, aimer, toute la vie est là.
Souffrir d’amour, souffrir, c’est tout l’être qui vibre,
C’est tout l’être qui vibre aux doigts de la Douleur
Dont l’arpège de feu va hurlant sur le cœur
D’épouvante meurtri, mis à nu fibre à fibre ;
Souffrir d’amour, souffrir, c’est tout l’être qui vibre.
Mourir d’amour, mourir, bientôt je le saurai ;
Mourir d’amour, mourir : – Calme après la tempête ;
Regrets de l’Infidèle et ses pleurs. – Une fête...
L’adieu, le chant funèbre et doux : « Dies iræ. »
Mourir d’amour, mourir, bientôt je le saurai.
Antoine de BENGY-PUYVALLÉE.
Paru dans L’Année des poètes en 1893.