La paix
Puisque sur l’onde calme et pure
Nos voiles glissent doucement,
Puisqu’il n’est plus rien qui murmure
– Hors le feuillage, orgue du vent, –
Puisque la foudre se repose
Et que l’étoile brille aux cieux,
Puisqu’aux rayons s’ouvre la rose,
Ouvrons aux chants nos cœurs joyeux.
Chantons le sourire des mères,
Chantons l’amour, chantons l’espoir !
Loin du foyer, combien nos frères
Avaient souffert sous le ciel noir !...
Chantons ! l’aube après la tourmente
Pare les flots de sa splendeur :
Chantons ! la paix, aube charmante,
Est l’auréole du bonheur.
Le soir, quand la prière sonne,
Petits enfants, vite à genoux !
Et priez bien pour que personne
Ne rallume un sanglant courroux ;
Pour que nul, hélas ! ne s’égare
Ou ne tombe dans le chemin :
Pour que Dieu ne soit pas avare
De son soleil le lendemain.
Constant BERLIOZ.
Paru dans Les voix poétiques en 1868.