Le couronnement de la Sainte Vierge
« Quelle est celle qui vient, belle et resplendissante
Comme les premiers feux de l’aurore naissante ? »
Disent les Chérubins étonnés et ravis.
Les Anges vers les cieux la portent sur leurs ailes...
Elle monte... Chantez ! phalanges immortelles ;
Chantez aux célestes parvis !
Elle vient du désert, affluant de délices,
Versez-lui les parfums de vos plus beaux calices !
Elle vient pour régner dans l’immortel séjour...
C’est elle, c’est Marie, auguste Souveraine...
Elle monte... Chantez ! Anges, c’est votre Reine,
C’est la Reine d’amour !...
Ouvrez, princes des cieux, vos portes de victoire,
Ouvrez vos portes d’or !... C’est la Reine de gloire,
L’Épouse destinée à l’éternel hymen...
Elle avance... Sonnez la trompette éclatante !
Quelle est donc cette Reine, objet de tant d’attente,
Qui doit passer par ce chemin ?
C’est la Reine des cœurs, du ciel et de la terre,
C’est la femme qui fut à la fois Vierge et mère,
C’est la Mère de Dieu, Séraphins, à genoux !...
Le ciel a soulevé ses portes de victoire,
Il s’ouvre... On vous attend : entrez, Reine de gloire !
Vierge, régnez sur nous !...
Les Vierges, les Élus lui tressent des couronnes.
Les Anges aussitôt descendent de leurs trônes,
Vertus, Principautés, Puissances, Chérubins,
Et jettent à ses pieds les fleurs à pleines mains.
Devant elle à l’envi tout s’incline et s’efface :
Dieu lui-même se lève et près de lui la place
À ce rang où jamais un esprit n’arriva,
Près du trône invisible où siège Jéhovah.
Plus blanche dans l’azur que les plus blanches voiles,
Sur son front virginal rayonnent douze étoiles...
Elle a la lune aussi pour marchepied vermeil,
Pour ceinture l’azur, pour manteau le soleil !...
Puis, dans les cieux émus les harpes séraphiques
Reprennent à l’envi leurs éternels cantiques,
Et les échos divins redisent tour à tour :
À la Reine du ciel, gloire, louange, amour !
Joseph BERNARD DE MONTMÉLIAN.
Recueilli dans Bouquet à l’Immaculée,
Éditions Saint-Jean, 2004.