Louez Dieu pour moi

 

                                                 à Roger Bodart

 

 

Louez Dieu pour moi, mon frère l’oiseau.

Votre langage est toute certitude.

Le mien hésite au seuil de l’altitude

Et je parle bas, comme les roseaux.

 

Car je ne suis rien qu’un roseau qui chante

Et, de le savoir, craint de mal chanter.

La rose qui s’ouvre est une ignorante,

Mais quel éclatant cri de vérité !

 

Je voudrais aussi crier : Dieu existe

Et prête sa joie sonore à mon chant.

Je ne puis, hélas, pencher qu’un front triste

Sur mon corps de chair, debout dans le vent.

 

J’appelle la mer. Je nomme une étoile.

Je jette un poème au sein de la nuit.

Qu’est-ce tout cela, si je n’ai point d’âme

Et que font les mots, sinon un vain bruit ?

 

 

 

Armand BERNIER,

Les poèmes d’Armand Bernier,

André de Rache, éditeur, 1971.

 

 

 

 

 

 

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