Le poète
Je suis dans l’azur avec les ramiers.
Je vois la forêt par les yeux des biches.
Je suis cette étoile en fleur des pommiers.
Je fus, tour à tour, la fontaine agile,
Le nymphéa pur au sommet des eaux,
Le triton cachant du ciel sous la vase,
Le pollen qu’emporte un vent plein d’extase,
La noisette fraîche au bout d’un rameau.
Je me multiplie au gré d’un beau songe.
Je suis mieux qu’une âme et mieux qu’un esprit,
Car je suis la voix sensible du monde
Et Dieu qui l’écoute en connaît le prix.
Les poèmes d’Armand Bernier,
André de Rache, éditeur, 1971.