Amour mystique
Elle est toute pensive et tourne vers le ciel
Des yeux inconscients dont le regard avide,
De l’immensité, semble interroger le vide.
Son âme a délaissé l’être matériel.
Elle rêve un amour tout insubstantiel,
Calme comme l’azur qu’aucun souffle ne ride,
Un amour inconnu sur notre terre aride
Où le plus doux breuvage est mélangé de fiel.
Que, pendant bien des jours, son âme radieuse
Des choses d’ici-bas reste encore oublieuse,
Que dans les rêves d’or se passe son printemps !
Hélas ! trop tôt viendront les heures douloureuses,
Effaçant à jamais les traces vaporeuses
Que laissent après eux les rires éclatants !
Auguste BERTOUT.
Paru dans L’Année des poètes en 1897.