Vers l’idéal

 

 

Je ne veux plus voir cette foule

Que gouverne l’instinct brutal ;

Puisque le vieux monde s’écroule,

Allons au Pays idéal.

 

Si mon corps se meut dans la boue,

La boue infecte des cités,

Que l’âme dont le Ciel me doue

Vogue en des pays enchantés.

 

De la foule qui m’humilie

Je n’écouterai plus la voix ;

J’irai, dans ma douce folie,

Vers l’horizon que j’entrevois,

 

M’enivrer à ma fantaisie,

Ainsi qu’à des sources de miel,

Aux lèvres de la Poésie,

Au pays immatériel.

 

Lorsque la mortelle enveloppe

Péniblement cheminera,

Sur l’asphodèle et sur l’hysope

Mon âme encor butinera.

 

J’aurai la Jeunesse immortelle,

Je contemplerai la Beauté,

Et les rayons émanant d’elle

M’environneront de clarté.

 

 

 

Yves BERTHOU.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

 

 

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