Au premier-né
Ô mon cher tout petit, notre orgueil, notre vie ;
Toi qu’aux banquets joyeux la Nature convie ;
Toi que l’amour attend au détour du chemin ;
Toi qui verras peut-être, un laurier dans la main,
La fausse gloire ouvrir l’infini sur ton rêve ;
Toi qui seras un homme, enfant, la vie est brève ;
Pardonne ce mot grave à ta pure gaîté...
Ainsi donc, souviens-toi que tout est vanité :
Le vrai bonheur habite au fond de l’âme douce ;
Notre gloire s’accroît de l’ombre qu’on repousse
Et la première loi du monde, c’est l’amour.
Jésus te le dira, mieux qu’un père, à son tour.
Crois-le ! – Quand sur mon front aura tombé la neige,
Si Dieu veut que je sois l’aïeul doux qui protège,
Oh ! fais que je m’en aille à ce Dieu, sans émoi,
Lui laissant, à genoux, un fils meilleur que moi !
Léon BERTHAUT.
Paru dans L’Année des poètes en 1892.