Ce qui reste
À M. du Campfranc.
Quand on est jeune et quand on rêve
Au cœur qui battra près du sien ;
Quand, plus tard, on redit sans trêve
Cet aveu qu’un soupir achève,
Tout bas et la main dans la main ;
Quand on chemine à deux la vie
En se soutenant tour à tour ;
Quand on a l’âme épanouie,
Quelle est notre égide bénie ?
L’Espérance et l’Amour !
Quand on est seul et quand on pleure
Sur son unique amour brisé ;
Quand, en écoutant sonner l’heure,
On songe que rien ne demeure
Et qu’un rêve est vite épuisé ;
Puis, lorsque, vieux et solitaire,
Le cœur saigne au dernier adieu ;
Quand on va finir son Calvaire,
Que nous reste-t-il sur la terre ?
Un Souvenir et Dieu !
André BESSON.
Paru dans L’Année des poètes en 1894.