Ce qui me fait rêver
Sonnet à M. le vicomte F. de MAYS.
Ce qui me fait rêver, c’est la verte colline,
Le lis épanoui dans sa vive blancheur,
Un enfant que sa mère endort dans son bonheur,
À la tombe des siens une pauvre orpheline ;
L’airain qui retentit aux fêtes du Seigneur,
Sous le dôme des bois la source cristalline,
Au souffle du matin le rameau qui s’incline,
Du soleil qui s’éteint la dernière lueur ;
Puis, dans le temple saint, ce sont les mains du prêtre,
Devant le tabernacle invoquant le Grand-Être ;
De l’urne des parfums l’encens mystérieux ;
Les bouquets odorants dont l’autel se décore,
Et de ma fiancée encore
Ce sont les chastes yeux.
Joseph BEUF, Premières fleurs, 1860.