Notre-Dame-des-Vignes

 

 

                                               À Louis SIMON.

 

Voici la rustique chapelle

Où l’on me voua nouveau-né,

Où plus tard, à ce vœu fidèle,

Je suis tant de fois retourné.

 

Si la splendeur des basiliques

N’éclate pas en ce saint lieu,

Des cœurs simples, évangéliques,

S’y découvrent du moins à Dieu.

 

Que de fois j’ai cueilli des roses,

Ô Vierge, gloire d’Israël,

Pour les porter à peine écloses

Sur le marbre, de ton autel !

 

Que de fois mon adolescence,

Après ses courses du matin,

Y rêva sur l’effervescence

Du monde au bruissement lointain.

 

« Cette mer dont jusqu’ici monte,

Me disais-je, le sourd fracas,

Il faut aussi que je l’affronte,

Comme tout mortel, ici-bas.

 

» Mais vous veillerez sur ma voile,

Quand ma barque dérivera,

Reine du ciel, propice étoile,

Jusqu’au port qui m’abritera. »

 

Il est commencé, mon voyage

Sur l’océan capricieux ;

Vierge, protégez le sillage

De mon esquif, du haut des cieux.

 

 

 

Joseph BEUF, Premières fleurs, 1860.

 

 

 

 

 

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