L’adieu
MÉLODIE
Musique de M. J. Hodierne.
Mon amour, ma femme,
Doux présent de Dieu,
Adieu, ma chère âme,
Adieu, je pars ; enfant, adieu.
Nous étions ensemble
Dans un si doux nid !
Que Dieu nous rassemble
Vite en ce lieu béni.
Adorer sa belle
Et s’éloigner d’elle,
C’est peine mortelle,
Plus que souffrir :
Hélas ! c’est mourir.
Je pars, mais mon âme,
Le meilleur de moi,
Reste, ô douce femme,
Restera toujours avec toi.
Où que Dieu l’emporte
Loin de ce séjour,
Mon cœur à ta porte
Viendra chaque jour,
Doux ramier fidèle,
Te chanter, ma belle,
Ô ma tourterelle,
Son doux chant d’amour.
Sur quelque rivage
Que j’erre ici-bas,
Si loin que l’orage
Loin de ton nid porte mes pas,
Où qu’aille ma voile,
Si le soir aux cieux
Quelque blanche étoile
Sourit à-tes yeux,
Dans son œil de flamme,
Dis-toi, douce femme,
Que c’est ma jeune âme
Qui, chaque nuit,
Sur toi veille et luit.
Hélas ! la nuit tombe,
Signal de l’adieu.
Tu vas, ma colombe,
Rester ici seule avec Dieu.
Oh ! mon cœur se brise !...
Mais avec douleur
S’il faut que la brise
Te laisse, ô ma fleur,
Viens donc, ô ma rose,
Pour moi seul éclose :
Sur ta lèvre rose
Je vais poser
Le dernier baiser !
P. L. E. BÉZIERS,
Fleurs des champs, des bois
et des grèves, 1875.