Socrus dilectæ memoriæ sacrum

 

                                                 À mon beau-père.

 

 

De sa moitié la plus noble être séparé

Par un coup de ciseaux foudroyant de la Parque ;

Trôner sur le bonheur, présomptueux monarque,

Pour crouler avec lui, sanglant et déchiré ;

 

« Voir fuir vers l’Idéal le réel adoré »,

Comme jadis chantait d’un cœur brisé Pétrarque ;

Du destin ici-bas c’est la farouche marque ;

Chacun vit pour pleurer... ou pour être pleuré !

 

D’ici là-haut, mystère horrible ! route obscure !

Mais ta volonté, Dieu ! n’est point inique ou dure ;

Le cri de ma conscience, inextinguible, ardent,

 

Du néant sait percer l’impénétrable voile ;

Même sur l’autre bord on est encor vivant ;

Je heurte en bas la tombe ; en haut je vois l’étoile !

 

 

 

Prince Alexandre BIBESCO, Sonnets intimes.

 

Repris dans L’Année des poètes en 1895.

 

 

 

 

 

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