À Michel Bauer, de Nuremberg

 

 

Ta parole, explosion prophétique.

Tes yeux, détecteurs de secrets.

D’immenses déchirures bleues

Sur d’immenses étendues bleues.

 

Maître Eckhart de notre siècle,

Il me souvient comment, venu d’Arlesheim,

Tu passas à Dornach en cette heure méchante,

Nous frôlant, penché, tout en fleurs et en épines.

 

Je me souviens... la nacre des herbes,

La coupole majestueuse à la tête si claire,

Les souffles d’Alsace

Et l’explosion des canons, toujours en Alsace.

 

Saules légers qui murmurent,

Sombres montagnes crêteuses.

D’immenses déchirures bleues

Sur d’immenses étendues bleues.

 

 

 

André BIÉLY,

La princesse et les chevaliers.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie russe

du XVIIIe siècle à nos jours, par Jacques Robert

et Emmanuel Rais, Bordas, 1947.

 

 

 

 

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