L’attraction

 

 

                                 À Mademoiselle M. D...

 

 

Ce calme où l’on entend le sang de notre veine

Battre et monter au cœur, ce saint repos des nuits,

Ce voile de la brume où s’endorment les bruits,

Ce ciel bleu, cette paix des bois et de la plaine,

 

De l’astre doux veilleur du monde en son sommeil,

Cette lumière chaste et ce pâle sourire

Triomphe de vos peurs, ô vierge, et vous attire ;

Vous aimez cette sœur discrète du soleil !

 

Vos rêves d’infini trouvent un champ plus libre,

Quand la terre se tait, le consolant rayon

De la blanche marcheuse au bord de l’horizon

Vous guide droit au ciel et tout votre être vibre !

 

Elle a comme un regard d’ami, ce regard doux

Qui pas à pas nous suit au sentier de la terre.

Jeune fille, elle emporte avec elle un mystère,

Vous en sondez l’abîme... Il se dévoile à vous !

 

Ce pur flambeau me semble allumé par les âmes

Que le soleil de joie inonde de clarté,

Elles n’en peuvent pas trahir la majesté,

L’éclat révélateur, les enivrantes flammes ;

 

Mais Dieu leur a permis, pour triompher du mal.

D’aller vers leurs aimés, à l’heure du silence

En porter la lueur comme une confidence,

Et votre âme s’éprend de l’astre virginal !

 

                                              Champigny, 20 oct. 18...

 

 

Paul BLANCHEMAIN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

 

 

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