Sonnet

 

Imité de l’Allemand.

 

 

Le laboureur prudent, au retour de l’automne,

Confie à ses sillons la graine de froment,

Quand même la forêt perd sa verte couronne,

Que l’hirondelle a fui vers un ciel plus clément.

 

Quand viendra le printemps, où tout rit et rayonne,

Il sait que de ce grain naîtra l’épi charmant :

Qu’importe de semer aujourd’hui tristement,

Pourvu que l’an prochain, en chantant, il moissonne !

 

Ainsi nos bien-aimés que la mort a fauchés,

Au cimetière, tous paisiblement couchés,

Attendent le signal de leur réveil étrange :

 

Alors tous les élus, la gloire sur le front,

De ce champ de repos au ciel s’élanceront :

Chaque tombe, d’un homme, aura su faire un ange !

 

 

 

Auguste BLONDEL.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1890.

 

 

 

 

 

 

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