La sibylle de Libye
C’est en homme qu’il vient parmi les mortels
Sauver les morts en mourant lui-même,
Guérir la Vie de ses maux, sans aucun remède,
Rendre la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds,
Guérir les boiteux, sans demander ni or ni argent,
Et chasser de chez nous la mort et les idoles.
La mort emporta l’unique Fils chéri par sa Mère,
Puis le lui remit vivant entre les mains,
Habillé de rayons de soleil et chaussé de clair de lune,
Une couronne d’étoiles lui ceignant le front.
Vierge Marie, plus belle qu’une fée,
Gardait dans ses bras le petit Jésus.
Alors les Juifs envieux et les Païens malveillants
Se réunirent en assemblée et prirent la décision
De chasser le jeune Jésus pour qu’il errât
Sans répit ni repos à travers le monde.
Pietër BOGDANI, Cuneus Prophetarum.
Recueilli dans Anthologie de la poésie albanaise,
Éditions « 8 Nëntori », 1983.