Ballade au soleil
Âme du jour, centre de la clarté,
Roi de nos monts, soleil chaud de nos plaines,
Ô lumière qui nais des hauteurs pleines
D’astres mourant sous ta royauté,
Tu grandis le ciel bleu de ta beauté ;
Le jour, sous toi, paraît sans véhémence,
Et semble dire à mon cœur indompté
De marcher fier à ta lumière immense !
J’aime à te voir au ciel illimité :
J’oublie alors mes tristesses vilaines,
Et je vois, tapi dans les marjolaines,
Combien tu peux nous donner de gaîté.
J’ai connu tes chaleurs, ton cœur irrité,
Quand tu passais au zénith, en démence ;
Soleil, tu ne m’as jamais arrêté
De marcher fier à ta lumière immense !
Quand nous revient un merveilleux été,
Quand les brebis, au printemps, font leurs laines,
Quand les oiseaux chantent leurs cantilènes,
Au bord d’un lac ou d’un val enchanté,
L’homme ne peut aimer la liberté
Sans recevoir, dans le jour qui commence,
Tes rayons forts pour qu’il aille exalté
De marcher fier à ta lumière immense !
ENVOI
Soleil qu’on croit rempli d’éternité,
Porte vers Dieu Saint ma romance,
Et dis-Lui toujours ma sérénité
De marcher fier à ta lumière immense !
Georges BOITEAU, Essor vers l’azur,
Éditions du Lévrier, 1946.