Exaltation
Le désir d’épouser la gloire, sans effroi,
A tant comblé mon cœur de ces croyances vaines,
Que j’ai voulu toujours, ému jusqu’en mes veines,
Côtoyer le Génie où trônent les dieux-rois.
Mais cet élan trompeur qui, lentement, décroît
Assèche mes espoirs pareils à des verveines :
Le jeune homme a son but, l’homme mûr ses déveines,
Bien que le vieillard soit le plus sage des trois.
Et je m’en vais parmi la foule et ses scandales,
Impuissant et déchu, comme un pauvre en sandales
Qui courbe de vieillesse et cherche le tombeau.
Que ma vie et mes jours où s’ouvre une caverne
S’en aillent dans les cieux que le Seigneur gouverne,
Et baisent la beauté dont l’âme est un flambeau !
Georges BOITEAU, Essor vers l’azur,
Éditions du Lévrier, 1946.