Salve Regina
C’est l’heure où le vieux moine à l’âme souveraine,
Marche au Saint-Rendez-Vous ;
C’est l’heure où l’Angélus rappelle de la plaine
Les grands moissonneurs d’août.
Le monastère est sombre : un bruit de pas, à peine,
S’élève tout à coup.
S’agrandit pour mourir dans la chapelle pleine
De moines à genoux.
Cassé au dos, cachant leur bonté qui s’étale
Dans leurs yeux abaissés,
Ces hommes sont venus en silence, à leur stalle ;
Et, comme aux soirs passés,
Aimant le sanctuaire, au pied des voûtes sombres,
Ils chantent dans les ombres.
Georges BOITEAU, Essor vers l’azur,
Éditions du Lévrier, 1946.