Soir laurentien
Le soir est grandiose et rempli d’aromates.
À peine suspendu dans le lointain des monts
Aux sommets arrondis comme des casemates,
Le soleil, mer de feu, dédore ses rayons.
Les merles sont perchés : ils sifflent des cantates
Où passent tout le ciel, la nature et ses dons,
Cependant qu’égarés dans des terres ingrates,
Par-ci par-là, bêlant, pacagent les moutons.
L’écho n’éveille plus les chemins et les fermes,
Ô beau soir, possesseur de ce jour que tu fermes ;
L’Angélus, à lents coups, fait le tour des clochers.
Et le jour baisse et meurt dans le brun du mystère,
Pendant que le soleil, vers des mondes cachés,
Illumine déjà l’autre flanc de la Terre.
Georges BOITEAU, Aux souffles du pays, 1949.