À une violette

 

 

Chère petite fleur, adieu ! pars ! va vers ELLE !

Dis à la belle enfant qu’à tout instant du jour

Son souvenir me suit ; redis-lui mon amour ;

              Dis-lui que mon cœur est fidèle.

 

Dis-lui de promener sur toi ses grands yeux bleus...

Et tu verras son front s’éclairer du sourire :

Car elle aura saisi le mot mystérieux

              Que tu n’auras pas voulu dire ;

 

Car elle aura compris (son cœur comprend si bien !)

Que ma lèvre sur toi longuement s’est posée.

Ses yeux reconnaîtront que tu viens arrosée

De pleurs, qui ne sont pas ceux du comédien...

 

Ses doigts te porteront à sa lèvre embaumée...

– Alors les deux amants, en dépit du destin

Qui voudrait, semble-t-il, les voir s’aimer en vain,

Auront pu, grâce à toi, petite fleur aimée,

              Réunir leurs lèvres de feu...

              Et toujours espérer en Dieu !

 

 

 

Raoul BONNERY.

 

Paru dans L’Année poétique en 1906.

 

 

 

 

 

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