Excelsior
Ne cessons de crier : « Haut les yeux ! » « Haut les cœurs ! »
Sachons nous détacher de cette pauvre terre
Où les maux sont cruels et la tristesse amère,
Où l’homme ne connaît que le poids des douleurs.
Plus haut, toujours plus haut ! Montons dans les splendeurs ;
Du champ de l’idéal prenons d’assaut la sphère ;
Que jamais notre pas ne retourne en arrière
Et de tous les sommets dépassons les hauteurs.
Que rien, rien ne s’oppose à l’essor de notre âme ;
Traversons l’infini ; que notre ardeur s’enflamme :
Plus haut, toujours plus haut, plus haut que le ciel bleu !
Poursuivons, sans faiblir, notre course insensée ;
Plus haut, toujours plus haut, plus haut que la pensée,
Et que notre âme enfin s’arrête aux pieds de Dieu !
Stéphane BOREL.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.