Un patio
Avec le soir
Les deux ou trois couleurs du patio pâlirent.
La grande franchise de la pleine lune
Ne réjouit plus son firmament coutumier.
Aujourd’hui que le ciel est obscur
La voyante dira qu’un petit ange est mort.
Patio, ciel limité
Le patio est la fenêtre
Par où Dieu regarde les âmes.
Le patio est la pente
Par laquelle le ciel se répand dans la maison.
Sereine
L’éternité attend au carrefour d’étoiles.
Il est plaisant de vivre dans l’obscure amitié
D’un vestibule, d’un auvent, d’une citerne.
Jorge Luis BORGES.
Traduit par Fernand Verhesen.
Recueilli dans Anthologie de la poésie ibéro-américaine,
Choix, introduction et notes de Federico de Onis,
Collection UNESCO d’œuvres représentatives, 1956.