La beauté
Je veux rester fidèle à ton culte sévère :
Mon cœur s’épanouit quand j’approche de toi ;
Chaque jour détruit moins mes efforts éphémères
Quand ils se font enfin conformes à tes lois.
Par delà ce qu’on voit mourir, ton harmonie
Fiance à l’immuable un univers mouvant ;
Chaque chose, par toi, prend une âme infinie ;
Sous ta sérénité, le Mystère est vivant.
Aux humbles, aux fervents, ta splendeur souveraine
Communique ta paix divine, et les entraîne
Par delà le réel vers un monde enchanté.
Ô Beauté, dans le flot fatal des apparences,
L’homme, esclave du Temps, voit luire une espérance,
Et pour t’aimer sans fin rêve l’éternité.
Adolphe BOSCHOT.
Recueilli dans Anthologie de la Société des poètes français, t. I, 1947.