La chanson du réveil
Éveillez-vous, mon blond mignon,
Dans votre petit nid de mousse :
Le soleil, de son chaud rayon,
Vient caresser votre frimousse ;
Votre bel ami l’oisillon
Vous appelle de sa voix douce,
Éveillez-vous, mon blond mignon,
Dans votre petit nid de mousse !
Ouvrez vos grands yeux étonnés
Couleur de paradis encore,
Du paradis d’où vous venez,
Ô ma petite fleur d’aurore !
Les chérubins sont prosternés
Pour voir votre regard éclore :
Ouvrez vos grands yeux étonnés
Couleur de paradis encore !
En me souriant montrez-moi
Ces quatre méchantes quenottes
Qui firent tant souffrir mon roi
Qu’il en eût les lèvres pâlottes ;
Serrez bien fort mon petit doigt
Entre vos petites menottes !
En me souriant montrez-moi
Vos quatre premières quenottes !
C’est de ma vie, ô mon Jésus !
Que ta frêle existence est faite...
Mais, un jour, moi qui te conçus,
Tu m’oublieras dans quelque fête :
Prends mon cœur et, montant dessus,
Du pur bonheur atteins le faîte
Et que toujours, ô mon Jésus !
Ta seule volonté soit faite !...
Théodore BOTREL, Contes du lit-clos, 1900.