Les bonnes vieilles de chez nous
Elles viennent à pas menus
Dans l’aube blême au Saint Office ;
Leurs traits surannés sont connus,
Toujours en noir, sans artifice.
Pendant le Divin Sacrifice,
Par leurs prières à genoux,
Elles chassent le maléfice
Les bonnes vieilles de chez nous...
Contre leurs volets retenus,
Elles inspectent sans malice
Des passants les nouveaux venus.
Puis c’est un rapport de police
Qu’elles feront avec délice,
Le lendemain d’un ton mi-doux,
En abordant une complice,
Les bonnes vieilles de chez nous...
Pour les malheureux inconnus
Des mansardes ou des hospices.
Leurs doigts agiles et tenus,
L’hiver font des travaux propices.
La charité sous leurs auspices
Force adroitement les verroux
Et près de l’âtre se tapissent
Les bonnes vieilles de chez nous...
ENVOI
Seigneur ! que votre main bénisse
Ces sages parmi tant de fous,
Et que le monde mieux chérisse
Les bonnes vieilles de chez nous...
Gaston BOUCHET.
Paru dans Les poètes de la tradition en juillet-août 1938.