Réveil
L’aurore vient de naître au sein de nos campagnes ;
Déjà l’astre royal de ses feux éclatants,
Inonde les sommets des lointaines montagnes,
Et verse à l’univers le jour et le printemps.
À travers le vallon immense et solitaire,
Je dirige au hasard mes pas lents et distraits ;
Je contemple ces bois, ce soleil, cette terre,
Dont l’aspect souriant a pour moi tant d’attraits.
Que de fois dans ces prés où renaît la verdure,
Je suis venu naguère épancher ma douleur !
Parle, t’en souvient-il, ravissante nature ?
Tout était sombre en toi de même qu’en mon cœur.
Aujourd’hui l’univers tressaille d’allégresse,
Les cieux, les bois, les champs, reprennent leur splendeur,
Et mon âme elle-même, oubliant sa tristesse,
Semble vouloir encor s’attacher au bonheur.
C’est qu’un astre nouveau se levant sur ma vie,
De sa naissante flamme illumine mes jours,
Et, rendant tous ses feux à mon âme ravie,
Invite ma jeunesse à reprendre son cours.
Ô charmes du foyer, bonheurs de la famille,
Rêves choyés longtemps, rêves abandonnés,
Sur mes jours refleuris une lumière brille,
Et l’amour me ramène à vos ports fortunés.
Ah ! qu’elle est admirable, ô Dieu, ta Providence
Qui, lorsque tout en nous semblait mort pour toujours,
Par un rayonnement de sa munificence
Rend aux champs leurs saisons, à l’homme ses amours !
Georges-A. BOUCHER,
Chants du Nouveau Monde, 1946.