L’heure de l’Angelus

 

 

Cloches de l’Angelus sonnant dans le lointain,

Demeurez, cher appel, au fond du crépuscule,

Dominant sans colère un orgueil ridicule,

Furieux de n’avoir pas le mot du destin !

 

L’ombre aussi monte en nous, et son ton incertain

Est percé par le cri, dont l’écho s’accumule,

De ceux dont les désirs n’ont pas d’autre formule

Que le vide infini dans l’espoir clandestin !

 

Porte-leur ta douceur, ô douce voix des cloches !

Donne ta quiétude exempte de reproches

À ceux qui n’ont gardé nulle amertume au cœur !

 

La vie est fugitive, et tout son charme règne

Dans l’assentiment calme et cependant vainqueur

Qui tinte au fond de nous lorsque notre âme saigne !

 

 

 

Ernest BOUHAYE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

 

 

 

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