Le nid
Et la vie est comme une tente
Où l’on dort avant le combat.
VICTOR HUGO.
Enfant, jette les yeux au haut de cette cime :
Vois-tu ce nid d’oiseau qui penche sur l’abîme
Avec ses cris, sa joie et son bonheur charmant ?
Parfois, quand le vent gronde et quand la foudre brille,
On voit le nid qui tremble, et toute la famille
Flotter sur le gouffre écumant.
Ainsi, l’homme, ici-bas, caché sous un mystère,
Dans cet immense nid qu’on appelle la terre,
Déposant ses amours, son cœur, sa volupté,
– Par un bras tout-puissant, suspendu dans l’espace,
Tremble et flotte au hasard, à chaque vent qui passe,
Sur les bords de l’éternité !
Juillet 1840.
Louis BOUILHET.
Paru L’Année des poètes en 1892.