Les jaquemarts d’Auffay
À Ch.-Th. Féret.
Jadis Houzou Bénard avec Paquet Sivière,
Un quinze août qu’on disait la messe au grand autel,
Pour négoce important allaient à Neufchâtel,
Quand l’amble des bidets fourcha dans la rivière.
« La male heure en Auffay ! Recousons l’étrivière,
« Faisons manger l’avoine et dînons à l’hôtel,
« Festonnant de mots gras l’hôtesse au court mantel,
« Dont l’aisselle de feu ne sent pas la bouvière.
« C’est ainsi qu’aujourd’hui tous deux communierons. »
– « Défilez vos capets, s’écria l’aubergiste,
La procession passe où la Madone assiste ! »
– « Le vent seul de maugré dévêt nos chaperons ! »
Deux jaquemarts depuis, qui fument dans leur loge,
Sonnent pour ce péché les heures de l’horloge.
Charles BOULEN, Voyages à travers la Couleur locale.
Recueilli dans Anthologie critique des poètes normands de 1900 à 1920,
Introduction, notices et analyses par Charles-Théophile Féret,
Raymond Postal et divers auteurs, Librairie Garnier Frères, s. d.