Avant...
Avant de faire le voyage
Dont nul n’est jamais revenu
J’abandonnerai mon bagage
Pour me retrouver seul et nu
Au bas de la route qui monte
Jusqu’au sommet du Golgotha
Où Dieu me demandera compte
De ce cœur qui souvent douta.
Je devrai, pliant sous l’injure,
Remonter la course du temps,
Me blessant à la pierre dure
Et pleurant mes premiers printemps.
Je trouverai sous le ciel blême,
Après avoir longtemps marché,
Un caillou pour chaque blasphème,
Un chardon pour chaque péché,
Un soufflet pour chaque injustice,
Un clou pour chaque reniement,
Une épine pour chaque vice,
Pour chaque faute un châtiment.
Mais ce cœur qu’une aile soulève
Attend, par l’espoir enflammé,
Le Pardon pour prix de son rêve
Et le Ciel pour avoir aimé.
Gaston BOURGEOIS,
Au bout du vent,
Éditions Revue moderne,
1959.