Stances d’elle-même
(FRAGMENTS)
Ô Dieu, je n’en puis plus, la douleur qui m’accable
Me fait crier à toi ; sois-moi donc secourable.
Modère, s’il te plaît, la douleur que je sens.
Arrache de mes os cette fièvre cruelle
Dont l’ardente chaleur dessèche ma moelle
Et par des songes vains égare tous mes sens.
... Mes yeux sont obscurcis, ma couleur est ternie,
Sur ma bouche on ne voit nulle couleur de vie ;
Mes cheveux ont perdu leur lustre et leur splendeur.
Quelquefois, mais en vain, de parler je m’essaye
Pour te dire mon mal, mais ma langue bégaye
Et ne peut prononcer un mot de ma douleur.
D’esprit donc et de cœur à toi, Père, je crie,
Toi qui tiens en tes mains et la mort et la vie,
Qui donnes la santé, qui donnes les douleurs.
S’il te plaît, ô Seigneur, que la mort me délivre
Des maux que je ressens, je suis prête à te suivre ;
Mais si tu ne le veux, ôte-moi ces langueurs...
CATHERINE DE BOURBON.
Extrait de Lettres et poésies, Champion.