Cathédrale de songe
Tu tends éperdument ta flèche de vertige
Dans un brouillard où ne pénètrent pas les bruits.
Sur tes vantaux sculptés le temps bute et se fige,
Cathédrale de songe offerte au froid des nuits.
Je suis seul à te voir, à lire sur ta pierre
L’hymne fait de l’effort de tant de bras fervents,
À découvrir en chaque ogive une prière,
Sanctuaire d’amour, cathédrale des vents.
Les fleuves de nos fiels, les sources de nos fanges
Sont morts sans la souiller sur ta sérénité,
Cathédrale d’espoir, cathédrale des anges,
Que mon cœur fait surgir sur un sol dévasté.
Gaston BOURGEOIS,
Au bout du vent,
Éditions Revue moderne,
1959.