Les deux idoles
Un jour, sur deux autels, je dressai deux idoles,
L’une c’était l’Amour et l’autre l’Amitié ;
Je les parai de fleurs aux gracieux symboles,
Chacune de mon cœur posséda la moitié.
Je me sentis ravie à leurs douces paroles,
Aux champs de l’Idéal je crus poser le pié,
Le Bonheur me faisait lire ses paraboles :
Dieu parfois des mortels sait donc prendre pitié ?
Mes jours à ce soleil, ma vie avec ces anges,
Étaient rêve accompli... Revirements étranges :
La barque sombre avant de mouiller dans le port.
L’Amitié se moqua... l’Amour cracha l’injure.
Ô Dieu, j’ai mérité de souffrir ce parjure
En me faisant un ciel sur la terre de mort !
Aimée BOURBON.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.