Repos
Quand, vainqueur sans espoir ou vaincu sans révolte,
Lassé de l’inutile et fatigant combat,
Vous faites le bilan de la maigre récolte
Et vous ne pouvez plus voir si votre cœur bat,
Quand vous ne souhaitez que pouvoir vous étendre
Comme un gisant de pierre, immobile et serein,
Mains jointes, regards clos, pour vous sentir descendre
Dans un néant stérile où vous vous trouvez bien,
C’est alors qu’un rayon parfois vous illumine,
Qu’un souffle des sommets vous caresse, très pur,
Et que de cet abîme où votre être chemine
Vous voyez passer Dieu dans un reflet d’azur.
Gaston BOURGEOIS,
Au bout du vent,
Éditions Revue moderne,
1959.